L'album de l'engagement pour Jon Batiste avec "Big Money"

L'album de l'engagement pour Jon Batiste avec "Big Money"
Instagram @jonbatiste

Un album puissant, qui se veut porteur de messages importants

Difficile de faire l'impasse sur le phénomène Jon Batiste : à seulement 38 ans, le musicien est sans doute l'un des talents les plus créatifs et novateurs de ces dernières années, entre ses 5 Grammy Awards et son Oscar, son énergie communicative partagée sur ses réseaux sociaux et ses projets toujours plus ambitieux, axés sur la spontanéité et le désir de partager sa musique. Après s'être offert une tournée à travers l'Europe - et un passage hautement salué à Paris - Jon Batiste nous a offert la belle surprise de la fin du mois d'août, avec une sortie de son nouvel album, "Big Money", publié chez Verve/Interscope.

Dans cet album, Jon Batiste ose tout, et ne s'interdit rien. Il rit, il s'énerve et crie, il nous fait découvrir son flow en rappant, n'hésitant pas à mélanger tous les genres avec une aisance désarmante. Peu importe son terrain de jeu, Jon Batiste est à l'aise, tel un poisson dans l'eau. Et on ressent dès la première écoute une forme d'urgence : celle de produire dans la spontanéité, l'émotion brute et l'énergie collective, plutôt que de tout miser sur la perfection technique

Mais au delà de la musique et de son groove, Jon Batiste se veut messager, porteur de messages forts. On l'entend par exemple dans son titre Petrichor, où il évoque une planète qui se meurt à petit feu, le tout sur fond de hip hop et de blues. Une façon de prévenir que le monde court à sa perte si nous ne faisons pas le nécessaire pour le sauver, mais avec du rythme

"C'est un avertissement posé sur un rythme dansant. [...] L'idée, ce n’est pas juste de dire, c’est un problème, mais aussi dire que nous pouvons le résoudre" - Jon Batiste

Son engagement écologique, Jon Batiste le tient de sa maman, Katherine Batiste, une militante connue dans le mieux, mais c'est surtout les images de l'ouragan Katrina, qui a ravagé sa ville natale de la Nouvelle Orléans il y a 20 ans déjà. Un traumatisme, qu'il voit comme un avertissement de la planète, et qui devrait inquiéter tout le monde. 

"Il y a tant de gens qui ont été déplacés et ne sont jamais revenus (...) Je pense à Hamilton Street, aux maisons dans lesquelles nous avons grandi... [...] C’est quelque chose qui devrait inquiéter la planète entière. Et cela peut arriver partout" - Jon Batiste 

Pour cet album, Jon Batiste n'est pas tout seul à crier son message : il s'entoure de pointures comme  Andra Day, Randy Newman, Nick Waterhouse et les Womack Sisters. Un projet coup de poing qui explore les tensions entre le capitalisme, la quête de sens et exaltation humaine. Une exaltation qu'il nous transmet dans sa musique, avec intelligence et finesse.