Comment expliquer le succès phénoménal de Norah Jones avec Come Away With Me ?

Comment expliquer le succès phénoménal de Norah Jones avec Come Away With Me ?

Une nouvelle histoire de jazz, racontée par Benoit Thuret !

Il y a des albums qui s'imposent comme des évidences. Sorti en 2002 chez Blue Note RecordsCome Away With Me, le tout premier album de Norah Jones, a été un raz-de-marée. Plus de 30 millions d’exemplaires vendus dans le monde, 8 Grammy Awards dont celui d’album de l’année… Rien ne laissait pourtant présager un tel triomphe.

Alors, comment expliquer ce phénomène ?

D’abord, le contexte. En 2002, le paysage musical est dominé par la pop surproduite, le hip-hop commercial, le R&B clinquant. Et voilà qu’arrive cette voix douce, feutrée, presque chuchotée, portée par un piano discret, des guitares jazzy, une ambiance mélancolique. Norah Jones qui n’a que 22 ans à l’époque, est à contre-courant, et c’est justement ce contraste qui capte l’attention. Elle est tendre. Elle apaise. Elle ne cherche pas à briller. Elle touche.

Ensuite, il y a la sincérité. L’album n’a rien de calculé. Il mêle jazz, folk, soul et country avec une simplicité désarmante. On sent que c’est une musique faite par amour, pas pour les charts. Et paradoxalement, c’est ce naturel, cette absence d’artifice, qui plaît au plus grand nombre. Norah Jones devient, sans le vouloir, la voix d’une époque en quête de répit.

Il faut aussi parler de sa voix et de son timbre. Une voix inimitable. Chaude, ronde, pleine d’intimité. Elle ne séduit pas par sa puissance, mais par son intensité émotionnelle. Quand elle chante Don’t Know Why, on a l’impression qu’elle s’adresse à nous, et rien qu’à nous. C’est à la fois universel et personnel.

Enfin, il y a le mystère Norah Jones. Elle ne cherche pas la lumière. Elle fuit les projecteurs. Et cette discrétion, dans un monde de stars omniprésentes, devient un atout. Elle incarne une forme d’authenticité rare.

Come Away With Me n’est pas juste un album. C’est un refuge. Un cocon sonore dans un monde bruyant. C’est peut-être ça, le secret de son succès planétaire : à une époque où tout allait vite, Norah Jones nous a proposé de ralentir, d’écouter, de ressentir. Et manifestement, c’est exactement ce dont on avait besoin.