23 juin 1967 : Ce jour où Aretha Franklin enregistre pour l'éternité son morceau “Chain of Fools”

23 juin 1967 : Ce jour où Aretha Franklin enregistre pour l'éternité son morceau “Chain of Fools”

Si la chanson parle d'un cœur brisé, il va encore plus loin que ça...

Nous sommes le 23 juin 1967. Dans les studios Atlantic de New York, la star Aretha Franklin, tout juste âgée de 25 ans, fait son entrée. Il faut dire qu'à cette époque, la chanteuse est à un tournant de sa vie : quelques mois plus tôt, elle sort "Respect", LE titre qui va faire exploser sa carrière. Cette fois-ci, elle compte enregistrer un morceau écrit par Don Covay : Chain of Fools

A la première écoute, on comprend très bien ce dont il s'agit : un hymne à la trahison amoureuse, qui renvoie à sa propre histoire. Celle d'une femme trahie, qui comprend qu'elle n'est qu'un maillon de la longue chaîne de conquêtes féminines d'un homme, en l'occurrence son mari, le producteur et manager Ted White. Un maillon, qu'elle a toutes les peines du monde à briser, au vu de son amour pour lui. 

Pourtant, on peut y voir un symbole encore plus fort, une chanson qui résonne comme un cri d'émancipation : celui d'une femme noire, qui ne compte plus se laisser piétiner, ni par un homme, ni par un système tout entier. D'autant plus qu'avec la sortie de Respect, Aretha Franklin est devenue une figure centrale du mouvements des droits civiques

Avec cette double lecture, même le titre prend un autre sens : la "chaîne de fous" devient aussi la "chaîne de l'oppression", celle qui a pu enserrer le cou des esclaves. A travers cette métaphore, Aretha Franklin fait bien plus que de parler d'un cœur brisé : elle incarne la résistance féminine et afro-américaine. La chanson devient un symbole : celui d'une génération qui ne veut plus se soumettre. 

A sa sortie, le morceau atteindra directement la première place du Billboard Hot Rhythm & Blues et la deuxième classe du Billboard Hot 100. Un acte politique, qui lui donnera la force de divorcer l'année d'après, en 1968.