Petite chronologie du Jazz, des années 20 à aujourd'hui, partie 4

Petite chronologie du Jazz, des années 20 à aujourd'hui, partie 4

Avec Jazz à la loupe, Jazz Radio décode et vulgarise le jazz, et vous plonge dans sa fascinante histoire !

Dans l'épisode 3 de notre "Petite Chronologie du Jazz", nous avions exploré les années 50 et les différents genres exploités sur cette décennie. Il en résultait d'ailleurs une sorte d'opposition, presque manichéenne, avec d'un côté le Jazz Cool, davantage proposé par les artistes Blancs, inspirés par la musique classique, et de l'autre, il y avait le Hard Bop, mouvement porté par les musiciens afro-américains, qui rêvent de revenir à un jazz plus énergique, en écho à leurs racines africaines. Il est temps pour nous de continuer cette exploration !

Le Free Jazz, le jazz qui n'a plus de règles 

Avec toutes ces évolutions, ces mouvements et ces réinterprétations, le jazz est en constante évolution et ne cesse de se transformer. Il existe tellement de courants de jazz différents que certains musiciens ne savent plus trop où donner de la tête : trop de règles tuent les règles

Mais certains artistes passent outre les convenances, et se lancent de nouveaux défis. C'est le cas du contrebassiste et compositeur Charles Mingus qui pose les bases d'un mouvement plus libre, moins structuré, avec son album de 1956 "Pithecanthropus Erectus".  Mais il faudra attendre 3 ans supplémentaires, avec la sortie de l’album "Something Else" en 1959 du saxophoniste Ornette Coleman et les deux premiers albums du pianiste Cecil Taylor pour que le Free Jazz voit officiellement le jour. 

Le Free Jazz, que l'on connaît aussi sous le nom de New Thing, permet aux musiciens de s'affranchir des règles posées par le jazz traditionnel. Même si on garde les bases, la composition est beaucoup moins structurée, et l'improvisation prend tout son sens. C'est une branche presque à part entière du jazz, bien plus connue des puristes et des amateurs issus de cercles très privés, mais certains musiciens vont tirer leur épingle du jeu, à l'image de Ornette Coleman, Cecil Taylor, Charles Mingus, Eric Dolphy, Archie Shepp, Sun Ra sans oublier le grand saxophoniste John Coltrane

Quand la musique latino s'immisce dans le jazz

Au début des années 60, la tendance est au voyage musical, à l'exotisme, aux sonorités venues d'ailleurs. Ce n'est donc pas anodin si le jazz rencontre les rythmes latins, ce qui donnera naissance au latin jazz, que l'on connaît aussi sous le nom de jazz afro-cubain. Un courant qui naître grâce au mariage entre l'énergie du bebop, et la richesse des percussions des musiques cubaines. 

Un nom semble se détacher quand il s'agit de parler de latin jazz : celui du trompettiste Maria Bauzá. C'est lui qui initie Dizzy Gillespie aux rythmes afro-cubains alors qu’ils jouent chez Cab Calloway, avant de fonder, avec Machito et Tito Puente, le groupe Machito and his Afro-Cubans en 1940, pionnier du genre. Si le latin jazz séduit autant, c'est parce qu'on y retrouve toute l'intensité du jazz traditionnel, mais aussi un côté plus dansant, irrésistible pour un large public. Typiquement, les congas, timbales et et autres bongos assurent la pulsation, tout en étant soutenus par le piano, la guitare, les vibraphones, les cuivres et bien sûr, les voix. De cette fusion naît une musique vibrante, festive et universelle, qui marquera durablement l’histoire du jazz.

Le voyage au Brésil avec la Bossa-nova

À la fin des années 1950, à Rio de Janeiro, naît un nouveau courant musical : la bossa-nova, fruit du mariage entre la samba brésilienne et le cool jazz. Portée par João Gilberto et Antonio Carlos Jobim, ce dernier étant l’auteur du mythique The Girl from Ipanema, la bossa-nova s’impose rapidement dans les années 1960, d’abord au Brésil puis aux États-Unis et en Europe. Contrairement au jazz traditionnel au rythme ternaire, la bossa adopte une pulsation binaire, syncopée et répétitive, souvent jouée à la guitare classique.

Elle se distingue aussi par ses harmonies raffinées, inspirées autant des standards de jazz que de la musique classique (Chopin, Debussy). Ce mélange unique attire de nombreux jazzmen. Le saxophoniste Stan Getz en devient l’ambassadeur en enregistrant en 1964 l’album culte Getz/Gilberto, aux côtés de João et Astrud Gilberto ainsi que Jobim, consacrant la bossa-nova comme un pont majeur entre jazz et musique latino.