Dans un communiqué Instagram, FAMM dénonce l’ambiguïté qui a entouré le succès viral de "I Run". Le morceau avait grimpé jusqu’à la 11e place du classement Spotify US, porté par une voix que beaucoup ont crue être celle de Jorja Smith. Selon le label, la version originale reposait en réalité sur un clone IA généré via Suno, imitant son timbre. FAMM a fait retirer le titre et réclame désormais des royalties ainsi qu’un crédit officiel.
Le label accuse HAVEN (Harrison Walker) d’avoir laissé planer volontairement le doute, allant jusqu’à inviter Jorja Smith à participer à un remix pour "légitimer" le morceau. "À aucun moment ils ne nous ont mentionné que l’IA avait été utilisée pour manipuler les voix existantes, mais nous soupçonnions déjà que c’était le cas", affirme FAMM. Suite à sa suppression des plateformes, la chanson a été réenregistrée avec la chanteuse Kaitlin Aragon, mais le label estime que les modèles IA utilisés restent entraînés sur la voix de Smith : "Nous maintenons que les deux morceaux portent atteinte aux droits d’auteurs de Jorja Smith et profitent injustement de son travail et de celui des compositeurs avec qui elle collabore."
Walker rejette toute accusation : selon lui, les voix du morceau proviennent de sa propre voix, transformée via Suno. Son coproducteur Jacob Donaghue ajoute que l’IA n’aurait servi qu’à donner un timbre plus féminin, sans référence volontaire à la chanteuse britannique.
Cette affaire intervient alors que Suno fait déjà face à de nombreux litiges liés au droit d’auteur. Warner Music Group, qui poursuivait la plateforme en justice, a finalement conclu un accord de licence visant à encadrer l’utilisation de son catalogue dans le domaine de l’IA. Les modèles actuels, jugés trop permissifs, devraient être remplacés par des versions sous licence. Universal Music Group et Sony Music poursuivent toutefois leurs actions contre Suno et Udio, qu’ils accusent d'avoir entraîné leurs modèles sur les voix et catalogues d’artistes majeurs, inondant le marché de titres artificiels susceptibles de "dénaturer" la valeur des œuvres originales. Un dossier qui pourrait redéfinir les règles entourant la création musicale assistée par IA dans les années à venir.


































