Il y a des artistes qui marquent leur époque. Et puis il y a Stevie Wonder. Lui, il l’a bouleversée.
Né Stevland Hardaway Judkins en 1950, aveugle de naissance, il signe à seulement 11 ans chez Motown, un label qui deviendra légendaire... et lui avec. On le surnomme alors "Little Stevie Wonder" — mais derrière ce surnom se cache déjà un génie.
Ce qui frappe chez Stevie Wonder, c’est sa précocité, bien sûr, mais surtout sa capacité à repousser les frontières. Dans les années 70, alors que la soul et le funk explosent, Stevie ne se contente pas de suivre la vague. Il change la manière de faire de la musique. Il devient l’un des premiers artistes à tout faire lui-même : il compose, il écrit, il produit, il joue de quasiment tous les instruments. À une époque où les studios sont encore ultra-hiérarchisés, c’est une révolution.
Et puis, il y a la technologie. Stevie Wonder est l’un des pionniers de l’utilisation du synthétiseur dans la musique populaire. Avec l’aide du duo de l'entreprise Tonto's Expanding Head Band, il utilise les premiers synthés analogiques comme le TONTO, et crée des textures sonores inédites. Son album Innervisions en 1973 ? Une claque. Songs in the Key of Life en 1976 ? Un chef-d’œuvre. Ces disques ne sont pas juste des albums : ce sont des manifestes sonores. Ils racontent la société, l’amour, la foi, l'injustice — avec une richesse musicale qui mêle soul, jazz, funk, pop… et un message profondément humaniste.
Mais Stevie Wonder ne révolutionne pas seulement la musique en studio. Il s’implique aussi dans la société. Dans les années 80, il joue un rôle clé pour faire de l’anniversaire de Martin Luther King Jr. un jour férié officiel aux États-Unis. Sa musique est politique, mais jamais moralisatrice. Elle parle au cœur, elle parle à tous.
Et comment ne pas parler de sa voix, de son groove, de cette joie communicative qui transperce chaque note, même quand le sujet est grave ? Stevie Wonder a cette capacité unique à rendre la complexité accessible, à transformer une chanson en déclaration universelle.
En résumé, Stevie Wonder n’a pas seulement marqué l’histoire de la musique. Il l’a redéfinie. Il a composé note par note, un héritage musical dont le jazz, la soul, le funk, le rap se nourrissent chaque jour. Par sa liberté artistique, par son engagement, par son inventivité. Et tout cela, sans jamais oublier les seules choses qui comptent vraiment : l’émotion, la beauté et le sens.