Fermez les yeux… Écoutez. Cette voix profonde, chaude, presque tactile. Cette voix caressante et sensuelle. C’est bien sûr la voix de Barry White. L’homme aux balades envoûtantes quasi aphrodisiaques... Mais qui était-il, vraiment ?
Né en 1944 au Texas, élevé à Los Angeles dans les quartiers de South Central, Barry White n’était pourtant pas destiné à la musique. Très jeune, il flirte avec la délinquance. À 17 ans, il est arrêté pour le vol de pneus de Cadillac. Une bêtise. Il se retrouve en prison. Et c’est là, entre quatre murs, qu’il entend à la radio "It’s now or never" d’Elvis Presley. Pour lui, c’est un choc. Il dira plus tard que cette chanson lui a sauvé la vie. C’est ce moment-là qui fait basculer son destin.
Mais Barry White ne naît pas chanteur. Il commence dans l’ombre : compositeur, arrangeur, producteur. Il est influencé par les géants du rhythm and blues et du gospel : Ray Charles, Aretha Franklin, mais aussi….par la musique classique ! Ses orchestrations regorgent de violons, de harpes, de cuivres. Le raffinement du classique au service de la soul. Il a cette ambition de faire de la musique romantique une expérience symphonique.
Dans les années 70, il fonde le Love Unlimited Orchestra, un ensemble de 40 musiciens. Du jamais vu pour un artiste soul. Sa voix, elle, arrive presque par accident. Il voulait rester dans les coulisses, mais on le pousse à passer derrière le micro. Résultat ? Succès planétaire. You're the First, the Last, My Everything, Can’t Get Enough of Your Love, Babe... Chaque titre devient une déclaration d’amour où scintillent toutes les couleurs d’un arc en ciel.
Barry White, c’est plus de 100 millions de disques vendus. Une performance exceptionnelle, surtout pour un artiste afro-américain dans une industrie encore marquée par les barrières raciales. Il a conquis les charts, mais aussi les cœurs – sans jamais tomber dans la caricature du crooner. Il chantait l’amour, oui, mais avec une sincérité brute, presque spirituelle.
Et son influence est immense. On retrouve son empreinte chez des artistes comme Isaac Hayes, Luther Vandross, Boyz II Men, et même Snoop Dogg ou Dr. Dre, qui ont samplé ses morceaux. Barry White, c’est ce pont entre la soul classique et le hip-hop contemporain. Sa voix continue de résonner dans les samples, dans les séries, dans les publicités. Elle est devenue une sorte de symbole universel de la sensualité.
Mais derrière la légende, il y avait un homme simple. Pudique. Discret. À mille lieues de l’image de « lover » qu’on lui collait. Il disait : "Je n’ai jamais chanté pour séduire. J’ai chanté ce que je ressentais. L’amour est ma vérité."
Et c’est peut-être ça, le secret de Barry White : derrière la voix de velours… un cœur immense.