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Petite chronologie du Jazz, des années 20 à aujourd'hui, partie 3

Petite chronologie du Jazz, des années 20 à aujourd'hui, partie 3

Avec Jazz à la loupe, Jazz Radio décode et vulgarise le jazz, et vous plonge dans sa fascinante histoire !

Mais que se passe-t-il après les années 40 dans le monde du jazz ? C'est exactement là où nous nous étions arrêtés dans le précédent épisode de "Petite Chronologie du Jazz" : après l'événement du jazz swing, c'est le Bebop qui a fait son entrée en scène, mais une vraie volonté d'aller chercher la virtuosité, l'exigence et l'improvisation. Mais que se passe-t-il après ? C'est justement ce que nous allons tenter de découvrir dans ce nouvel épisode

Le Jazz à la cool des années 50

Face à cette course à l'exigence, certains musiciens n'ont qu'une idée en tête : se rappeler que la musique est aussi un divertissement, et qu'on peut pratiquer pour le pur plaisir, avec moins de pression mais sans omettre la qualité. Et un album va radicalement changer la face des choses : "Birth of the Cool" de Miles Davis. Si cet album iconique ne sortira qu'en 1957, c'est bien plus tôt, en 1949, qu'il sera enregistré en deux sessions. Entouré de son nonette - 9 musiciens - Miles Davis met en avant une section rythmique avec une contrebasse, une batterie et un piano, et se compose un chœur d'instruments à vent avec d'autres génies, avec lui à la trompette, Gerry Mulligan au saxophone baryton et Lee Konitz au saxophone alto.

Dès sa sortie, l'album marque un tournant dans l'histoire du jazz, avec la création de ce nouveau genre, le "Cool Jazz", qui se veut plus détente, mais surtout plus lent, plus doux, plus mélodique. C'est un courant qui marque un trait d'union entre la musique classique et le jazz, et pour cause : c'est davantage sur la côté ouest des Etats-Unis que ce style se développe, là où les musiciens ont davantage une éducation musicale plus classique. Alors que le jazz était aux origines une musique Afro-américaine, où les musiciens sont plus souvent Noirs, ce sont les Blancs qui dominent ce courant, ce qui explique que l'on y retrouve toutes les caractéristiques de la musique européenne, d'où l'influence de la musique classique. 

Parmi les grands noms de cette époque, on retrouve le pianiste Dave Brubeck ou encore le saxophoniste Paul Desmond. C'est aussi la décennie qui voit l'avènement du saxophoniste Stan Getz et du trompettiste et chanteur Chet Baker.

Toujours plus de Bop, avec le Hard Bop des années 50

Si les jazzmen blancs se reconnaissent davantage dans les sonorités plus classiques du Cool Jazz, les musiciens noirs, eux, ont bien du mal à se reconnaître dans cette version mondaine de la musique, trop sage, trop lisse à leurs yeux. Eux ce qu'ils veulent, c'est rendre hommage au jazz original, vibrant et énergique, celui qui puise dans ses racines africaines. C'est là que naît le Hard Bop : un courant qui s'inspire du Be-bop - ou néo-bop - mais aussi du rythme and blues, de blues et de gospel. 

Généralement plus lent que le Be-bop, ces nouvelles compositions gardent les trouvailles harmoniques du genre, en mettant en avant le rythme. Ce n'est pas anodin si on retrouve de nombreux batteurs populaires dans les musiques de ce genre, un peu à l'image d'Art Blakey, qui a beaucoup contribué au Hard Bop avec son célèbre groupe "Art Blakey et les Jazz Messengers". 

Pour vous donner une petite idée de ce à quoi ressemble une formation Hard Bop, il suffit d'écouter le premier album "Takin" Off" d'Herbie Hancock sorti en 1962, avec un quintet incluant une section rythmique - piano, contrebasse et batterie - ainsi que d'un saxophoniste et d'un trompettiste. Là encore, plusieurs musiciens se distinguent, à l'image des saxophonistes John Coltrane et Sony Rollins, mais aussi les trompettistes Clifford Brown et Freddie Hubbard, ainsi que le guitariste Wes Montgomery

Dans les années 50, ce sont deux mouvements qui s'opposent, et ce de façon presque manichéenne : d'un côté, il y a le Jazz Cool, qui s'inspire de la musique classique et qui va inspirer les musiciens Blancs de la côté ouest et de l'autre, il y a le Hard Bop, mouvement porté par les musiciens afro-américains, qui rêvent de revenir à un jazz plus énergique, en écho à leurs racines africaines. 

Mais, plus le temps passe, plus la musique veut fusionner les genres et les origines, et c'est toute la beauté avec les années 60..