Il y a des albums qui marquent à jamais l'histoire de la musique, et l'iconique "Köln Concert" de Keith Jarett en fait clairement partie. Cet album, qui est sans doute l'un des CD de jazz les plus célèbres au monde - comptez pas moins de quatre millions de copies écoulées - va aussi fêter ses 50 ans cette année, autant de bonnes raisons de le réécouter en 2025.
Et justement : le pianiste français Edouard Ferlet s'est vu proposé un projet audacieux à présenter au festival Printemps de Bourges. Son objectif ? Explorer une œuvre découvre lors de l'enfance, pour questionner "les liens entre l'improvisation et l'apprentissage". A cette occasion, le musicien a présenté un duo insolite avec le "Pianoïd", un piano innovant piloté par l'intelligence artificielle. Développé avec l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) et Sony, ce piano boosté à la nouvelle technologie ne remplace en aucun cas l’artiste : il vient surtout stimuler sa créativité, comme le rappelle Edouard Ferlet.
"L’idée de départ était osée et ça n’a pas été évident pour moi, c’était un vrai défi à relever. [...] C’est l’humain d’abord et l’idée doit toujours venir de l’humain" - Edouard Ferlet
Depuis plus de dix ans, Ferlet travaille donc avec son compagnon de scène technologique, explorant les limites de l'intelligence artificielle, et comme elle peut être un véritable boost pour sa carrière. Durant son concert à Bourges, le pianiste a livré une performance d'une heure, alternant entre improvisations et explications sur le fonctionnement de son piano. Pour lui, utiliser l’IA, c’est prolonger une démarche de chercheur, curieux et créatif, fidèle à l’esprit d’invention propre à l’artiste.
"J’attendais depuis longtemps de faire un concert qui raconte une histoire. Je trouve que cela ouvre l’esprit, je fais ce métier pour que tout le monde réalise qu’on est artiste de notre vie, qu’on peut tous être dans l’inattendu et l’improvisation" - Edouard Ferlet
Conscient des débats éthiques liés à l'usage de l'IA dans la culture, notamment en matière de droit d’auteur, Ferlet défend une approche équilibrée : une vigilance accrue sur la propriété intellectuelle, mais une liberté d’exploration de nouveaux territoires artistiques.
"Quand j’ai commencé, je me suis aperçu que c’était éthiquement parlant compliqué et je me suis vraiment posé toutes les questions [...] Je suis vraiment attentif à la défense des droits, de la propriété intellectuelle, et je pense qu’il y a un vrai travail à faire là-dessus." - Edouard Ferlet
Une vision partagée par des artistes comme DeLaurentis, qui utilisent l’IA de façon contrôlée pour enrichir leur propre création.