Ce 27 mai, le monde du jazz célèbre une artiste lumineuse, dont la voix résonne au firmament des légendes du jazz vocal : Dee Dee Bridgewater. Et si à 75 ans, le semble n'avoir aucune emprise sur elle, c'est surtout une bonne occasion pour Jazz Radio de saluer une carrière exceptionnelle, jalonnée d'audace, de réinventions, et de prestations mémorables.
Née à Memphis en 1950, la petite Denise Garrett grandit dans un univers où le jazz prend beaucoup de place. Logique : son père est lui même trompettiste de jazz, et enseigne la musique à l'école. Elle basculera très vite dans cet univers, intégrant même à 16 ans un trio de rock et de rhythm and blues. Mais il faudra attendre le début des années 70 explose, alors qu'elle rejoindra l'orchestre de Thad Jones et Mel Lewis en tant que chanteuse. Très vite, elle va devenir une figure incontournable du jazz vocal, performant aux côtés des plus grands, à l'image de Sonny Rollins, Dizzy Gillespie, Dexter Gordon ou encore Max Roach.
Au delà de sa voix puissante, Dee Dee Bridgewater fonctionne à l'intuition, n'écoutant que ses envies : si elle pense qu'un projet sera bon pour elle, elle fonce, quitte à ce que cela sorte de sa zone de confort. Lauréate de plusieurs Grammy Awards et d’un Tony Award pour son rôle de Glinda dans la comédie musicale The Wiz en 1975, elle s'est aussi démarquée dans ses choix musicaux, notamment en rendant un bouleversant hommage à Billie Holiday sur Eleanora Fagan (1915–1959): To Billie with Love from Dee Dee, ou encore l’album Red Earth (2007), fruit d’un voyage initiatique au Mali mêlant jazz et musiques traditionnelles africaines.
Mais Dee Dee Bridgewater, c'est aussi un engagement viscéral envers des causes qui lui tiennent à cœur. Depuis 1999, elle est ambassadrice de bonne volonté pour l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, mettant à profit sa notoriété pour défendre des causes sociales et humanitaires.
À l’aube de ses 75 ans, Dee Dee Bridgewater reste une interprète bouleversante et une improvisatrice redoutable. Des titres comme Speak Low, Midnight Sun ou Come Sunday rappellent son sens inné du phrasé et cette capacité unique à faire vibrer chaque syllabe. Une diva du jazz au sens noble du terme, libre, solaire, et toujours en mouvement. Alors joyeux anniversaire, Dee Dee !