Comment un standard devient... un standard ?

Comment un standard devient... un standard ?

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Si on vous dit "Fly Me to The Moon", "I Got Rhythm" ou encore "All The Things You Are", vous nous répondez ? Des grands classiques du jazz, autrement appelés des standards. On vous en a déjà parlé sur Jazz Radio, dans le cadre d'une Histoire de Jazz racontée par Benoit Thuret : un standard, c'est un morceau, chanté ou non, qui donne la sensation qu'il a toujours existé dans le paysage musical. Un titre devenu incontournable, largement repris et réinterprété au fil du temps par les générations d'après.  

Mais comment une simple boucle musicale peut-elle devenir à ce point incontournable, obtenant le statut suprême de "référence absolue" ? Y a-t-il une recette magique ? A priori non, mais disons qu'il existe des points communs entre tous ces morceaux, un savant mélange entre la qualité musicale, le contexte historique et à la réappropriation collective.  

La base d'un standard ? Une mélodie forte, reconnaissable dès les premiers accords, mais surtout modulable. On le sait : le jazz est une musique structurée, mais qui doit laisser de la place à l'improvisation. Que l'on parle de "Autumn Leaves", "Round Midnight", ou "The Lady is a Tramp", tous ces standards partagent une structure harmonique riche, mais suffisamment souple pour laisser de la place à la spontanéité de son interprète. 

Parlons ensuite du contexte historique : si la plupart des standards ont été écrits par de grands auteurs et compositeurs, à l'image de Cole Porter, Duke Ellington ou Henry Mancini, beaucoup d'entre eux étaient à la base de "simples titres" de comédies musicales, qui, grâce à leur structure musicale facilement adaptable, ont été énormément repris par de jeunes artistes talentueux. Et forcément : quand des Miles Davis, des Ella Fitzgerald ou des John Coltrane reprennent ces morceaux, et bien ça leur donne encore plus de "cachet" et gagne en popularité. Chaque artiste voudra y apporter sa petite touche personnelle, et c'est comme ça qu'un standard aura davantage de chance de se propager dans la communauté jazz. 

Enfin, un standard devient standard parce qu'il est vivant. Parce qu'il est joué, partagé, réarrangé, transformé. Que l'on parle d'une école de jazz, d'une jam session, ou de tous les clubs du monde entier, toutes ces reprises font entrer ce morceau dans la mémoire collective. Il devient un langage commun à tous, une nouvelle base sur laquelle chaque nouvelle génération peut poser sa voix. 

En somme, il n’y a pas de formule magique, mais une véritable alchimie : une grande mélodie, un bon moment, des interprètes inspirés, et surtout, la capacité d’un morceau à inspirer toujours plus loin.