Sur Jazz Radio, nous en sommes persuadés : certains morceaux sont difficiles à définir musicalement parlant, tant certains artistes aiment brouiller les pistes. Est-ce que l'on parle de jazz, ou plutôt de soul ? Comment faire la distinction entre ces deux genres, cousins éloignés, qui savent tellement bien se répondre qu'on en a même crée un sous-genre qui mélange les deux, le soul-jazz ?
Bonne nouvelle : avec notre nouvel épisode de Jazz à la loupe, on vous explique tout sur les différences et les ressemblances entre le jazz et la soul, et pourquoi on les confond si souvent !
Jazz et Soul : les origines
Pour se plonger dans ces genres musicaux, il est important de se plonger dans leurs origines. Car si on peut avoir de la peine à les différencier à l'oreille, leur histoire est assez éloignée : les deux genres ne sont pas du tout nés à la même époque !
Bien qu'il soit difficile d'estimer la date de naissance exacte du jazz, il faut remonter au début du XXème siècle, à la Nouvelle Orléans, pour voir apparaître ce nouveau mouvement musical, empreint de différentes influences, notamment le ragtime et le blues. Car oui, le blues, c'est un peu le papa historique du jazz.
De son côté, la soul-music est apparue bien plus tard, dans les années 50/60, et elle va elle aussi se nourrir d'autres genres musicaux, combinant des éléments de gospel, de rhythm and blues (R&B) et de jazz.
Le rythme : souplesse vs groove
Niveau sonorités, le jazz se caractérise par une grande complexité, difficile à cerner tant elle peut être riche et variée. On y trouve une vraie liberté rythmique : si sa base est très structurée, le jazz repose surtout sur des changements de rythmes, qu'il s'agisse d'une syncope, d'un contretemps, ou même d'une improvisation rythmique. L'un des éléments principaux est ce que l'on appelle le swing : un balancement souple et inégal des croches, qui va apporter du rebond à la musique. Le tempo peut varier énormément : du cool jazz lent au bebop effréné.
La soul, elle, repose davantage sur un groove bien plus stable, hérité du rhythm and blues. Le tempo est plus modéré ou plus lent, car il est surtout là pour nous faire ressentir le battement du cœur. Le rythme y est plus carré, plus direct, et se met davantage au service du chant et des émotions.
La mélodie : improvisation ou émotion ?
On vous l'expliquait juste au dessus : difficile d'imaginer le jazz sans improvisations tant cette liberté musicale est liée au genre. C'est d'ailleurs toute la beauté du jazz : chaque musicien, qui reprend un standard ou n'importe quelle boucle musicale, peut s'en emparer et en faire sa propre version, la transformer, la déstructurer. L'objectif ici est de jouer avec l'harmonie, tout en créant la surprise. En un mot : une musique libre, qui explore sans limites. Si les voix sont importantes, et explorent des émotions complexes, c'est davantage la mélodie qui est au cœur d'un morceau.
A l'inverse dans la soul, c'est la voix qui est au centre de tout. Ici, on se rapproche davantage du gospel, avec une vraie volonté d'émouvoir, de raconter une histoire. Les variations existent, mais elles sont surtout au service de l’émotion et pas de l’exploration musicale. Concernant les thématiques des morceaux, la musique soul est là pour transmettre des émotions profondes, sur l'amour, les relations humaines mais aussi les problèmes sociaux, reflétant les luttes et les réussites dans la vie.
Les instruments du jazz et de la soul, des cousins proches ?
Niveau instruments, là aussi on peut trouver quelques différences. Très souvent dans le jazz, on retrouve des cuivres, comme la trompette ou le saxophone, et une section rythmique, avec notamment un piano acoustique, une basse ou une contrebasse et une batterie jazz, qui permet plus facilement les changements de rythmes.
Du côté de la soul, on va retrouver davantage de sonorités électriques, avec des guitares et des claviers, comme un orgue Hammond ou un Fender Rhodes, avec une section rythmique plus marquée. On va aussi retrouver des cuivres, mais qui sont davantage là pour soutenir le chant.
Malgré ces distinctions, la frontière reste vraiment très floue entre les deux genres. Si certains morceaux de soul intègrent parfaitement des solos de saxophones très jazzy en brouillant les pistes, le jazz est lui aussi capable de sublimer la voix dans des rythmes plus lents.
Alors rassurez vous : si vous avez parfois encore des doutes à l'écoute d'un morceau, sans savoir de quel genre il s'agit, ce n'est pas si grave. Le plus important, c'est surtout d'aimer ce que l'on écoute, et ce peu importe l'étiquette musicale à coller sur votre morceau préféré !