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Les 4 titres qui ont fait la carrière de Lalo Schifrin

Les 4 titres qui ont fait la carrière de Lalo Schifrin

On en a choisi 4, mais toute l'œuvre du compositeur pourrait être décryptée dans cet article

Le 26 juin 2025, un immense compositeur de jazz mais aussi de musique classique Lalo Schifrin perdait la vie, une semaine après avoir célébré ses 93 ans. Si Jazz Radio lui a rendu hommage, nous avions très envie de vous replonger un peu plus en détail dans l'œuvre immense de l'artiste, qui a autant brillé sur le petit comme le grand écran, comme dans la publicité. Mais Lalo Schifrin, c'est aussi une douzaine d'albums solo, où il ne cessait d'explorer la musique, entre jazz, musique classique et bossa nova

Mission Impossible Theme

Impossible de ne pas reconnaître cet air devenu absolument mythique au cinéma : le générique de Mission Impossible. L'histoire commence en 1965, alors que le producteur du film, Bruce Gellet, recherche quelqu'un qui réalisera une musique à la fois entraînante et puissante pour sa nouvelle série. Pour cela, il se tourne vers Lalo Schifrin, un pianiste argentin qui s'est déjà fait un petit nom dans le milieu du cinéma et de la télévision. Sa mission s'il l'accepte ? Composer un thème qui devra marquer les esprits des spectateurs. Ambitieux, mais Lalo est prêt à tout. 

Pour composer ce générique, Lalo Schifrin réfléchit à une idée originale, et s'inspire d'un modèle télégraphique bien connu : le code Morse International. Selon Radio France, les lettres M et I - les initiales de la série donc - consistent en "deux notes longues" suivies de "deux notes courtes", un rythme que l'on retrouve constamment dans le ce thème. Un générique fusion entre jazz et blues, qui alterne des rythmes lents et rapides, et qui remportera pas moins de 3 Grammy Awards

Mannix, Thème principal

Mannix, c'est aussi l'un des morceaux les plus reconnaissables de Lalo Schifrin, et c'est sans doute lié au fait que le générique a été joué dans les 194 épisodes de la série, diffusée durant les huit saisons. Portée par l'acteur Mike Connors, qui joue un détective privé aussi élégant et perspicace, cette série devient un terrain de jeu idéal pour Lalo Schifrin, qui a toute la liberté d'exprimer toute sa créativité musicale. 

Pour cette composition, le musicien choisit une esthétique très jazz, avec une section de cuivres dynamiques, mais néanmoins agrémentée d'une petite touche surprenante : des timbales, plus habituées à la musique classique. Le résultat donne un thème énergique, presque festif, qui tranche avec les ambiances plus introspectives de certaines autres œuvres du compositeur. Une musique, à la fois brillante et entraînante, qui marque un tournant dans la carrière de Schifrin, consolidant son statut de maître incontesté du générique marquant.

Le Renard

Autre œuvre marquante de Lalo Schifrin : le générique du Renard, qui occupe une place toute particulière dans son œuvre. À l’origine, cette musique accompagne un drame intimiste réalisé par Mark Rydell, qui raconte l’histoire d’un couple de femmes vivant dans une zone reculée, dont l’équilibre est soudain bouleversé par l’arrivée d’un homme. Une intrusion, à l’image du titre, le Renard, qui vient chasser dans le poulailler. Une métaphore aussi troublante qu'explicite. 

Pour illustrer cette tension feutrée, Schifrin déploie une partition pour quatuor à cordes d’une rare intensité émotionnelle. On y retrouve une mélancolie élégante, presque insidieuse, qui évolue au fil de variations subtiles, comme des respirations entre lumière et ombre. Cette musique, profondément psychologique, témoigne d’une écriture fine et nuancée.

Mais le plus fascinant avec ce thème reste la seconde jeunesse qu'a connue ce titre. Dans une version réarrangée par Hugo Montenegro, bien plus groovy, le thème est devenu la bande-son emblématique des publicités pour la lingerie Dim. Son célèbre motif rythmique – pa pa pa paaa pa paaa – a traversé les décennies, transformant une composition intimiste en véritable icône de la culture populaire.

Tango

Avec Tango, le réalisateur espagnol Carlos Saura – disparu en 2023 – mettait la culture sud-américaine en avant à travers une mise en abyme, dans un film qui présente un metteur en scène au cœur brisé qui tente de sublimer sa rupture en imaginant une œuvre sur la danse la plus sensuelle qui soit : le tango. Pour accompagner ce projet, Lalo Schifrin revient à ses origines, rendant hommage à l’Argentine de son enfance, et à une musique longtemps tenue à distance dans son propre foyer. En effet, si le tango faisait vibrer les rues de Buenos Aires, il n’avait pas sa place chez les Schifrin. 

"Mon père, qui était chef d’orchestre, n’aimait pas du tout ce genre et l‘avait détendu à la maison. Mais j’allais chez les femmes de chambre en écouter avec elles, tout bas, à la radio  son père, chef d’orchestre classique, le méprisait ouvertement" - Lalo Schifrin

Mais l’enfant curieux trouvait refuge chez les domestiques, où il écoutait en cachette cette musique envoûtante, collé à un poste de radio au volume baissé.