Al Cohn aurait eu 100 ans : un siècle d’héritage pour l’un des maîtres du cool jazz

Al Cohn aurait eu 100 ans : un siècle d’héritage pour l’un des maîtres du cool jazz

Figure majeure du cool jazz, Al Cohn aurait célébré son centenaire ce 24 novembre. L’occasion de revenir sur l’élégance d’un saxophoniste qui a façonné la scène américaine par son phrasé souple et son art de l’arrangement.

Né le 24 novembre 1925 à Brooklyn, Al Cohn grandit dans un environnement musical où il touche très tôt au piano puis à la clarinette, avant d'opter définitivement pour le saxophone ténor. Marqué à la radio par le jeu aérien de Lester Young, il développe un son chaud et délié qui deviendra sa signature. À partir de 1943, il s’impose notamment dans l'orchestre de Joe Marsala, affichant déjà cette capacité rare à conjuguer swing instinctif et sens mélodique raffiné. Il sera ensuite de passage chez Woody Herman et la section légendaire des Four Brothers où il côtoie Stan Getz, Zoot Sims et Serge Chaloff, formant l’un des ensembles de saxophones les plus marquants de l’époque. Ce quatuor installe définitivement son nom parmi les voix majeures du saxophone des années 50.

Dès 1950, il signe son premier album en leader, "The Progressive Al Cohn", qui révèle son goût pour les structures sophistiquées et les harmonies épurées. Trois ans plus tard, sa plume attire l’attention de Miles Davis : en 1953, le trompettiste enregistre "The Compositions of Al Cohn", un projet unique où Cohn écrit les quatre morceaux du disque tout en tenant son saxophone au sein du quintet. Ces compositions seront plus tard intégrées à "Miles Davis and Horns". Parallèlement, ses talents d’arrangeur le mènent jusqu’au cinéma et à la télévision, en collaborant notamment avec Quincy Jones ou Gerry Mulligan. Plus tard, Al Cohn formera un duo emblématique de la côte Est avec Zoot Sims, grâce à une complicité presque télépathique entre les deux ténors.

Disparu en 1988, Cohn laisse derrière lui un héritage immense : celui d’un artiste qui a fait du jazz un terrain d’expression élégant, intelligent et profondément humain. Un siècle après sa naissance, son influence continue de résonner parmi les saxophonistes d’aujourd’hui.