Innocnt : la musique dans la peau depuis l'enfance
Le 4 avril dernier, les mélomanes présents aux Docks Circus ont eu la chance de voir monter sur scène, juste avant Electro Deluxe, un talent brut tout droit venu de Belgique : Innocnt. Derrière son pseudo se cache Antoine, jeune compositeur interprète de talent, qui a grandi entouré par la musique, et pour cause. Chez lui, la musique, on la chante, on la joue, on la ressent, et beaucoup de gens dans sa famille sont des musiciens.
"Tout mon côté haïtien, c’est tous des musiciens et des artistes" - Innocnt
Le petit Antoine grandit dans un univers où les fêtes de famille sont musicales, rythmées par le compas - genre musical tout droit venu d'Haïti - et le jazz crooner à la Sinatra. En ôtant une lettre à son nom de scène, Antoine honore cet héritage tout en affirmant une identité artistique plus personnelle.
La douleur comme moteur pour écrire
Sa voix, justement, parlons en. Si le jeune homme a grandi, et a insufflé à sa musique de multiples influences, il porte surtout en lui une soul habitée, ancrée dans les émotions les plus intimes, qui peuvent parler à tous.
Son premier EP, Six, en est clairement un exemple illustré : le projet est né d’une relation amoureuse longue de six ans qui a eu un point final, dont il a tiré des morceaux à la fois vulnérables et puissants.
"Moi j'ai écrit des chansons tout le long de la relation. En fait dès que je les vivais, je devais les écrire. [...] Quand j'écris une chanson, c'est comme si j'étais malade. Mais vraiment, je suis physiquement malade. {...] Surtout quand c'est des chansons douloureuses, quoi. [...] Et à la seconde où j'ai fini la chanson, c'est assez impressionnant. C'est comme un aspirine qui fait effet. J'ai plus mal." - Innocnt
Cette souffrance transformée en musique devient alors un processus de guérison, comme une catharsis. Il le dit d'ailleurs lui-même : "C’est la meilleure des thérapies". C'est un sujet qui le travaille depuis très longtemps, alors qu'il se lançait tout juste en musique. Il a questionné un de ses mentors pour savoir si on écrivait mieux quand on avait mal.
"Je me suis posé cette question et surtout j'ai posé cette question à un de mes mentors quand j'étais jeune, qui a vu beaucoup d'artistes et je lui ai demandé, est-ce que tu as besoin d'être mal ou est-ce que tu as besoin d'être fou pour faire de la très bonne musique ? Et lui qui a vu beaucoup d'artistes, il m'a, pour me rassurer quand j'avais 20 ans, il me disait, écoute, moi j'ai vu beaucoup d'artistes, j'ai vu beaucoup d'artistes qui [...] avaient des vies compliquées, et à chaque fois qu'ils se soignaient, en général, la musique devenait meilleure. [...] Donc je suis d'accord que la douleur amène justement une forme élevée d'art." - Innocnt
"Une bonne chanson peut exister dans tous les styles"
Pour l'artiste, écrire, ce n’est pas seulement se raconter : c’est aussi savoir se mettre à la place des autres : "On peut être très empathique et écrire comme un acteur joue un rôle."
Son rapport à l’écriture est d’ailleurs exigeant. Il estime avec assurance que ses chansons sont bien construites, car selon lui, "une bonne chanson peut exister dans tous les styles" : si elle fonctionne autant à la guitare qu'au piano, dans un style rock comme dans une ambiance jazz, alors elle tient debout sans artifices. Lors de ses concerts, notamment lors de son passage aux Docks Circus, il aime revenir à cette combinaison très simple : guitare, voix, rien de plus.
"C’est comme ça que j’ai commencé. Et c’est là qu’on voit si une chanson est vraiment bonne" - Innocnt
Aujourd’hui installé à Bruxelles, Antoine chérit la culture du live brut, des bars sans scène où l’artiste est au même niveau que son public. Avec Six, il signe une entrée en scène touchante et sincère, qui laisse présager une suite aussi profonde que prometteuse.
