C’est une voix que l’on n’oubliera jamais, une voix qui fait partie de l’Histoire, de notre histoire. Une voix et un lyrisme qui vous transpercent l’âme, vous arrachent un frisson et redessinent le paysage musical. C’est la voix de la Queen of Soul, la reine absolue de la Soul. La voix d’Aretha Franklin. Et elle ne sera pas une Reine de la Soul — elle sera toujours la Reine, unique et pour l’éternité. Intouchable. Inégalée.
Cette voix est un monument, forgée à l’église, élevée dans le gospel, trempée dans la douleur et la grâce. Une voix capable de vous supplier, de vous gifler, de vous aimer, de vous commander… tout ça en une seule chanson. Quand Aretha chante "Respect", elle ne demande rien. Elle exige. Et le monde entier s’exécute.
Mais Aretha Franklin, c’est bien plus qu’une interprète hors normes. C’est une femme noire, née à Memphis dans l’Amérique ségrégationniste des années 40, qui a su transformer ses blessures en puissance. À une époque où les femmes, et encore plus les femmes noires, avaient si peu de place dans la sphère publique, elle est devenue une icône de la fierté, de l’émancipation, de la dignité.
Quand elle reprend "Respect" d’Otis Redding en 1967, elle ne se contente pas de livrer un tube. Elle retourne la chanson, l’arrache à la voix masculine pour en faire un manifeste féministe et politique. Le titre devient l’hymne d’une génération. Les mouvements pour les droits civiques l’adoptent. Martin Luther King la choisit pour chanter lors de ses grands rassemblements.
Son impact est là. Il est historique. Culturel. Spirituel. Et musical, bien sûr. Car la Soul, c’est l’âme. Et personne n’a su la chanter avec autant de vérité qu’Aretha Franklin. Elle a transcendé les genres : gospel, jazz, R&B, pop. Elle a influencé des générations entières : Beyoncé, Alicia Keys, Amy Winehouse, Adele… toutes lui doivent un peu, beaucoup, tout.
Et même dans la vieillesse, même affaiblie, elle restait immense. En 2015, à presque 73 ans, elle monte sur scène pour un hommage à Carole King. Elle s’avance en fourrure, s’assied au piano… Et quand elle chante, le monde s’arrête. Ovation. Silence. Parce que la reine est là.
Barack Obama ne pourra retenir ses larmes en l’écoutant interpréter "(You Make Me Feel Like) A Natural Woman".
Alors pourquoi Aretha Franklin sera-t-elle à tout jamais la Reine de la Soul ? Parce qu’elle n’a pas simplement chanté la soul. Elle l’a incarnée. Elle l’a vécue. Elle l’a offerte au monde avec une vérité si rare, si brûlante, qu’aucune autre couronne n’a jamais mieux tenu sur une tête.
