Le 30 juillet 2025 marque ce qui aurait été le 80e anniversaire de David Sanborn, saxophoniste virtuose dont le souffle chaud et tranchant a redéfini les contours du jazz contemporain. Un an après sa disparition, son son continue de flotter entre les ondes, entre deux notes bleues.
Le sax comme seconde voix
David Sanborn n’a jamais cherché à devenir une star du jazz au sens académique du terme. Pourtant, en faisant du saxophone alto un vecteur d’âme aussi puissant que la voix humaine, il a fini par marquer l’histoire bien au-delà des frontières du genre. Né à Tampa en 1945, il découvre très jeune l’instrument dans un contexte thérapeutique : atteint de polio, il est encouragé à souffler dans un sax pour renforcer ses poumons. De cette contrainte est née une signature sonore : un souffle unique, vibrant, félin, parfois rageur, toujours habité.
Un musicien caméléon
Si Sanborn est profondément ancré dans le jazz, c’est aussi l’un des rares musiciens à avoir su fusionner les mondes sans jamais s’y perdre. David Bowie, Stevie Wonder, James Brown, Paul Simon, Eric Clapton ou encore Gil Evans – la liste de ses collaborations est un panthéon du XXe siècle musical. On entend son sax sur Young Americans, il groove avec Marcus Miller, il éclaire les intros de talk-shows et les bandes originales de films. Il est partout, sans jamais devenir banal.
Sanborn a été, malgré lui, l’une des figures de proue du smooth jazz, ce courant plus accessible, parfois décrié, qui a pourtant permis à toute une génération de s’initier au saxophone et de s’ouvrir au jazz par la sensualité du son plus que par la complexité des harmonies.
Des albums aux empreintes durables
Son œuvre solo compte plus de vingt albums, dont plusieurs disques d’or et six Grammy Awards. Des titres comme Chicago Song, Run for Cover ou The Dream sont devenus des classiques du genre, mêlant groove urbain, sensibilité soul et rigueur jazz. Son album Voyeur (1981) reste une pierre angulaire de cette fusion élégante entre jazz-funk et R&B sophistiqué.
Mais au-delà des chiffres, c’est un son que Sanborn laisse en héritage. Ce son perçant, comme une confidence criée, capable de passer du velours à l’éclat en une seule respiration.
Une passerelle entre les mondes
À la fin des années 80, il co-anime l’émission Night Music, réunissant sur un même plateau des artistes aussi variés que Miles Davis, Leonard Cohen, Sonic Youth ou Al Green. Sanborn y joue le rôle du passeur, du lien vivant entre les genres, avec toujours cette volonté de décloisonner la musique.
Un an après sa mort, le vide laissé par David Sanborn n’est comblé que par le souvenir d’un son : un sax qui ne racontait pas que des solos, mais des histoires. Il aurait eu 80 ans cette année, et pourtant, il sonne encore comme s’il venait de souffler sa première note.


































