Il y a des voix qui semblent venues d’ailleurs, des voix qui s’élèvent au-dessus du temps. Celle de Dhafer Youssef, oudiste et chanteur tunisien, en fait partie. Depuis ses débuts dans les années 90, il navigue entre mysticisme soufi, improvisation jazz et expérimentation électronique, tissant des passerelles entre l’Orient et l’Occident, entre la prière et le cri.
Le 14 novembre, l’artiste publiera chez ACT un album d’une rare intensité : Shiraz. Un titre qui n’est pas un hasard — il s’agit du prénom de son épouse, frappée par un cancer après la pandémie de Covid. Ce disque, Dhafer Youssef le décrit comme un souffle, une catharsis, un hommage vibrant à la vie, à la lutte, à l’amour qui résiste à tout.
Avec Shiraz, le musicien pousse encore plus loin son art du métissage sonore. On y retrouve les pulsations du jazz, la profondeur des modes arabes, la pureté d’une musique de chambre, des éclats de rock et même des touches électroniques. Une alchimie subtile où la douleur se transforme en lumière, où chaque vibration du oud semble une prière suspendue dans l’air.
Le premier extrait, “Rose Fragrance”, en est la plus belle promesse : un morceau tout en délicatesse, où la voix de Youssef glisse sur des harmonies éthérées, comme une caresse adressée à celle qu’il aime.
On retrouvera Dhafer Youssef sur scène le 8 février au Théâtre du Châtelet, à Paris, dans le cadre du festival Le Châtelet fait son jazz. Un moment suspendu à venir, où l’artiste fera sans doute de la douleur une mélodie, et de l’amour un chant infini.
